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AMER OUMALOU JOURNALISTE ECRIVAIN ALGERIEN SE CONFIE A ECHOROUK: «J’AI PLEURE POUR CONVAINCRE LE DEFUNT PRESIDENT BOUDIAF DE M’ACCORDER UN ENTRETIEN »

 
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Journaliste photographe et écrivain algérien, Amer Oumalou est natif de Ain-El-Hammam à Tizi-Ouzou. Il est considéré comme l’un des grands journalistes-écrivains algériens, qui s’est distingué notamment dans la photographie de presse. Il a travaillé dans plusieurs revues et journaux algériens et étrangers dont El Moudjahid, La Semaine d’Algérie, l’Algérien en Europe et assuré la direction de la publication du journal «le Quotidien d’Algérie». Il est l’auteur de plusieurs ouvrages notamment «le Muguet ensanglanté» un livre sur les événements du 8 mai 1945. Il a été reporter-photographe durant la guerre du Liban en 1982. Il a reçu plusieurs distinctions internationales dont la Médaille de bravoure décernée en 1983 par l’OLP et le prix de la libre expression de l’UJPLF décerné en 1993 par le ministre français de la culture Jacques Toubon. Il préside actuellement la section algérienne de l’Union Internationale de la Presse Francophone et assure la vice-présidence internationale pour la région du Maghreb. Nous reproduisons intégralement l’entretien accordé à notre confrère du journal arabophone Echorouk.

 

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    Comment êtes-vous arrivé  à la photographie de presse ?

     

  • Je suis fils d’un émigré en France. J’ai obtenu mon diplôme de communication en audio-visuel à Paris en 1972. Quatre ans plus tard, je suis rentré au pays, dans le cadre de la politique de réinsertion de l’émigration algérienne résidant à l’étranger. J’ai dirigé le centre audio-visuel de la CNEP où j’ai formé des jeunes et réalisé plusieurs spots publicitaires. Aujourd’hui, je suis vice-président international pour le Maghreb et président de la section algérienne de l’union internationale de la presse francophone (UPF).

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  • Vous avez vécu un évènement inhabituel dans les années 70 avec l’avocat algérien, Maître Benachenhou. Qu’en est-il exactement?

  • Je travaillais à la revue «L’Algérien en Europe» en Europe entre 1971 et 1976 qui est éditée par l’Amicale des algériens, présidé par Abdelkrim Ghrieb (actuel Ambassadeur d’Algérie au Mali). Maître Benachenhou est descendu prendre un café avec un ami au bas de son bureau où des policiers français surveillaient des malfaiteurs corses. Dès que l’avocat ayant un teint basané est entré dans le café, les policiers l’ont pris pour cible et l’ont tellement roué de coups qu’il a du être hospitalisé à «l’hôpital Dieu» sis à Paris ou l’accès fut interdit aux journalistes et photographes de presse. Je me suis procuré une blouse d’infirmier où j’ai caché mon appareil photo et je me suis faufilé dans la chambre de la victime en utilisant un chariot de l’hôpital pour ne pas attirer l’attention de deux policiers en faction devant la chambre de Maître Benachenhou.

  • J’ai pu interviewé et photographié Maître Benachenhou sur son lit d’hôpital le visage ensanglanté. Cet entretien exclusif et les photos ont été publiés, le lendemain, dans plusieurs journaux français dont l’Humanité, Libération….etc. A la sortie de ces articles, j’ai été arrêté par la police française qui m’a battu et intimidé sur l’ordre d’un commissaire pied-noir. Un ami a prit le soin de prévenir les médias français de mon arrestation, la police fut obligée de me relâcher. A ma sortie du commissariat, je me suis cogné la tête contre le mur jusqu’à saigner en trompant la vigilance des policiers. C’est ainsi que je me suis présenté aux journalistes avec un visage ensanglanté à la surprise du commissaire stupéfait et ébahi.

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  • Vous avez été témoin des massacres de Sabra et Chatila en 1982 que vous avez immortalisé. Vos photos et articles ont eu un impact important et ont contribué à médiatiser la question palestinienne et à compromettre l’entité sioniste...

  • Avant mon départ au Liban, j’ai contacté Tidjani, directeur de la rédaction d’Algérie-Actualité, pour lui faire part de mon désir d’aller couvrir l’invasion israélienne à Beyrouth. Tidjani n’a pu m’aider personnellement, mais il a écrit au secrétaire général de la Présidence. Las d’attendre, j’ai vendu quelques affaires et j’ai emprunté de l’argent, puis j’ai contacté la représentation palestinienne en Algérie. Le chargé de communication de cette représentation, Omar Kadri, m’a donné un numéro de téléphone et m’a dit qu’à mon arrivée en Syrie, une faction de commandos m’attendrait.

  • J’ai pu rejoindre Beyrouth en tant que correspondant d’El-Moudjahid et d’Algérie-Actualité. A mon arrivée à Damas j’ai contacté le chef du commando palestinien dont les membres m’ont aidé pour renter à Beyrouth de nuit. J’ai photographié des enfants qui avaient connu les geôles israéliennes. Lors de mes pérégrinations, je suis tombé sur le cadavre d’un photographe phalangiste libanais et j’ai saisi l’occasion pour échanger ses papiers personnels contre les miens. J’ai pu entrer à Sabra où l’armée israélienne et les phalangistes libanais avaient  entamé le massacre de la population civile palestinienne sans défense. J’ai pu prendre des centaines de photos immortalisant ce massacre. L’armée israélienne a trouvé mes papiers sur le cadavre du phalangiste libanais défiguré, un journaliste de l’AFP présent sur les lieux a reconnut ma photo et annoncé ma mort.

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  • Est-ce l’occasion ou vous avez pu rencontré le défunt président palestinien Yasser Arafat ?

  • J’ai rencontré feu le président Yasser Arafat à trois reprises à Beyrouth-Ouest. Un jour que nous étions dans son bureau de fortune en 1982, il a reçu un appel de son représentant en Syrie. Il nous a demandé de quitter l’endroit sur le champ après découvert qu’il d’un traquenard tendu par l’armée israélienne pour piéger Arafat. Nous avons obtempéré et nous nous sommes enfuis. Mais nous avons pu voir des avions israéliens qui bombardaient le lieu que nous venions de quitter.

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  • Quelles sont les meilleures photos que vous ayez prises?

  • Je pense notamment à une photo prise entre Beyrouth-Ouest et Beyrouth-Est qui représente une fillette, aux yeux épeurés et dont le blanc des yeux reflète des soldats israéliens mitraillettes au poing. Cette photo m’a valu un prix international. Une autre photo, est celle qu’un petit corps de quinze ans criblé de balles, un appareil photo en morceaux autour du cou. Hélas, une balle perdue l’a fauché et son sang qui a maculé mon appareil photo que je garde jusqu’à maintenant.

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  • Comment vos photos passaient-elles à différents organes de presse internationaux ?

  • Je remettais mes photos aux autorités palestiniennes qui se chargeaient de les envoyer à tous les organes de presse internationaux. Toutes ces photos étaient exclusives. C’est ma manière d’aider modestement la cause palestienne et libanaise.

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  • Un jour, on annonce votre mort dans les ? Massacres de Sabra et Chatila. Que s’est-il passé?

  • Les autorités israéliennes avaient retrouvé mes papiers sur la dépouille du photographe phalangiste libanais. Elles ont prévenu l’AFP a annoncé ma mort. Les journaux français ont vite fait l’écho et la nouvelle est parvenue à ma famille. Les membres de ma famille sont venus à Alger pour rapatrier le corps. Après plusieurs jours, des collègues ont proposé de me creuser une tombe symbolique. Ma famille a fait son deuil. Plus tard, j’ai voulu rejoindre mon pays en passant par la Syrie, mais j’ai été arrêté par l’armée syrienne en possession d’un passeport phalangiste libanais. J’ai été emprisonné durant 17 jours et libéré après vérification de ma véritable identité auprès des autorités algériennes. Après ma libération, j’ai rejoint mon pays ou j’ai organisé des expositions de photos et des conférences sur le génocide de l’armée israélienne au Liban.

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  • Comment avez-vous été reçu à votre retour en Algérie?

  • Je connaissais beaucoup d’employés de l’aéroport d’Alger. Ils ont été tellement surpris, au point qu’un officier a pris la fuite en me voyant.

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  • A la représentation palestinienne en Algérie, c’était le choc. Idem pour mes amis et ma famille.

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  • Quels sont les pays où vous avez couvert des évènements similaires ?

  • L’Iran, l’Irak, le Tchad, le Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Togo.

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  • Qu’en est-il de votre rencontre avec le défunt président Mohamed Boudiaf… ?

  • l J’ai contacté Boudiaf en 1991 pour un entretien, par le biais du directeur de la publication du journal arabophone Essalam. Il a catégoriquement refusé. J’ai dit que je voulais juste le voir pour qu’enfin, il accepte de me recevoir. A Kenitra au Maroc, il est venu au bord de sa Mercedes blanche. Il m’a emmené chez lui où nous avons discuté de plusieurs sujets dont la situation politique de l’Algérie. Je n’arrivais pas à croire que j’étais avec Boudiaf sans pouvoir pour autant réaliser un entretien. J’ai pleuré pour le convaincre de m’accorder un entretien sous la condition express qu’il avait le droit de regard sur le texte avant sa publication.

  • Je lui avais demandé, notamment, que si l’Algérie le voulait est-ce qu’il reviendrait, Il avait, bien sûr, répondu par l’affirmative. De retour au pays, j’ai rédigé l’entretien et je lui ai faxé comme convenu. Il a apporté quelques modifications. J’ai publié l’entretien corrigé sur deux hebdomadaires Essalam en arabe et La Semaine d’Algérie en français. Il a été publié, également, par le quotidien francophone Liberté. Avant son retour en Algérie, le défunt président Mohamed Boudiaf m’a appelé et a dit: «J’ai été sollicité officiellement pour revenir en Algérie, et comme vous êtes journaliste, donnez-moi une idée sur la société algérienne profonde».

  • Vous avez couvert le séisme d’El-Asnam en Octobre 1980, racontez-nous cette ?expérience

  • J’habitais dans la ville de Zéralda sise à l’Ouest d’Alger et j’ai senti mon immeuble bouger. Un journaliste de l’AFP m’a contacté pour couvrir l’événement. J’ai décidé de y aller immédiatement sur les lieux du drame. J’étais l’un des premiers journalistes arrivés à El Asnam. Le pire était de voir les pillards profiter de l’aubaine pour dépouiller les morts. Je me rappelle que ma voiture que j’ai stationnée à côte d’un immeuble a disparue le lendemain après l’effondrement d’un immeuble. J’ai pris des centaines de photos qui ont été publiées dans plusieurs journaux aussi bien nationaux qu’étrangers et j’ai organisé plusieurs expositions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

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  • Quelle est votre relation avec le défunt premier ministre libanais Rafik El Hariri ?

  • Quand j’ai visité le Liban en 1997, un confrère libanais avec qui je suis resté enm’a présenté le premier ministre Rafik El Hariri contact régulier. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion de le revoir une deuxième fois lors du sommet des chefs d’Etats francophones organisé à Beyrouth en 2001. Je me rappelle quelques jours avant son assassinat, le premier ministre Rafik El Harriri m’avait appelé pour me demander mon opinion, en tant qu’observateur, sur le nouveau projet de reconstruction de la nouvelle Beyrouth. Combien j’ai souffert à l’annonce de son assassinat quelques jours plus tard.

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  • Quelle appréciation faites-vous de la presse algérienne vingt ans après l’ouverture du champ médiatique?

  • Avant, les journalistes algériens étaient plus solidaires. Cette génération a sacrifié plus de 100 journalistes durant la décennie noire pour la défense de la liberté de la presse et d’expression. Ceci dit, la presse algérienne, en général, est d’un niveau appréciable comparativement à nos voisins du Maroc, de la Tunisie et de la Mauritanie aussi bien en terme de liberté d’expression qu’en terme de tirage global de la presse écrite. A titre d’exemple, le tirage global de la presse écrite marocaine est de 000 exemplaires par jour alors que le tirage de la presse écrite algérienne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Oumalou étale la cruauté du colonisateur français dans “ Le muguet ensanglanté”

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L’écrivain algérien, Amer Oumalou parle dans son ouvrage “ Le muguet ensanglanté”, des évènements du 8 mai, mettant en avant l’atrocité sur les lieux mêmes où ils se sont produits, en l’occurrence Guelma. L’écrivain a d’ailleurs ajouté à son titre : le 8 mai 1945 à Guelma et ses environs.

  • Le livre d’Oumalou retrace les évènements de Guelma et Kherrata dans les détails à commencer par l’étincelle qui a mis le feu aux poudres avant de suivre sa propagation de la grotte de la chouette au djebel Marmora.
  • Des témoignages de citoyens sont rapportés donnant une valeur historique au livre d’autant que des noms sont cités parmi ceux des 12 mille victimes de Guelma.
  • Oumalou est revenu sur l’examen des lieux, après que 31 ans soient passés depuis les massacres. Son livre est étayé par des documents et des annexes historiques sur les publications des journaux nationaux et étrangers de l’époque qui ont relaté les horreurs commises par la France coloniale contre les manifestants algériens qui étaient dans leur droit.

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